Saint Roch (Roch était un prénom très courant en France et en Italie à l’époque) naît à Montpellier entre 1345 et 1350, en pleine guerre de Cent Ans.
Il voit les terribles épidémies de peste de 1358 et 1361 et il est probable qu’il développe une sensibilité particulière vis-à-vis des malades et des souffrants.
Orphelin (entre 17 et 20 ans), riche et instruit, il décide d’entreprendre un pèlerinage de pénitence en direction de Rome pour y vénérer les tombes des saints, apôtres et martyrs.
Il distribue sa fortune aux pauvres, revêt l’habit de pèlerin (chapeau à large bord pour se protéger de la pluie, un bourdon et une courge utilisée comme gourde, un manteau de pèlerin qui arrive aux hanches, une ou plusieurs coquilles pour puiser l’eau des rivières, une besace portée en bandoulière) et prend la route.
Son séjour en Italie est marqué par la présence du terrible fléau de la peste.
Il suit les méfaits de l’épidémie et soigne les gens sur son passage.
Il arrive à Acquapendente, à quelques jours de marche de la Ville éternelle en 1367.
Il y reste trois mois, car la peste y sévit. Il met en pratique l’enseignement médical qu’il a reçu, en l’associant à des signes de croix et à une invocation sur les souffrants, et obtient de nombreuses guérisons.
Il reprend son chemin pour Rome, lorsqu’il apprend qu’à Cesena, à l’opposé de sa direction, l’épidémie fait rage.
Il s’y rend, faisant ce que Dieu attend de lui au fur et à mesure de son pèlerinage, et obtient là encore des guérisons miraculeuses.
Il arrive enfin à Rome, au début de l’année 1368, et s’occupe sans doute des malades à l’hôpital du Saint-Esprit, ordre fondé par son compatriote, Gui de Montpellier.
Un prélat, peut-être un cardinal, guéri par ses soins ou témoin de guérisons miraculeuses, lui fait rencontrer le pape Urbain V qui s’écrie en le voyant, selon la légende : « Il me semble que tu viens du Paradis ! », et lui donne l’indulgence plénière.
Roch quitte Rome en 1370 pour s’en retourner vers sa patrie.
Au mois de juillet 1371, il est à Plaisance, à l’hôpital Notre-Dame-de-Bethléem, près de l’église Sainte-Anne où il assiste, guérit et réconforte les malades.
C’est là qu’il va, lui-même, contracter la peste.
Roch se réfugie alors dans un bois, à quelques kilomètres de Plaisance, à Sarmato, pour s’isoler et mourir en paix.
À cet endroit, il peut se désaltérer et nettoyer ses blessures grâce à une source proche.
Roch n’a pas de quoi manger, mais chaque jour, un chien lui apporte un morceau de pain qu’il chaparde dans la cuisine de son maître.
Le maître du chien est peut-être le noble Gothard Pallastrelli qui va devenir son disciple. Il aurait également été le premier biographe du saint et l’auteur de son unique et vrai portrait conservé à Plaisance, en l’église Sainte-Anne.
On rapporte aussi qu’un ange a secouru Roch. Il recouvre la santé et retourne à Plaisance auprès des pestiférés, faisant preuve d’un courage et d’une humanité remarquables.
Il reprend sa route, mais les terres milanaises sont le théâtre d’une guerre entre le duc de Milan, Bernardo Visconti, son frère Galeazzo II, et la ligue constituée par le pape Urbain V, conduite par Amedeo VI de Savoie. Ce conflit dure de 1371 à 1375.
Pris pour un espion, Roch est arrêté à Broni et transféré à Voghera, par un surintendant militaire des Visconti.
Sa renommée était grande. De surcroît, il aurait pu se faire identifier, grâce à sa marque de naissance en forme de croix sur la poitrine, par son oncle, gouverneur de la ville. Mais, fidèle au vœu d’anonymat de tout pèlerin, Roch ne révèle pas son identité et demande à pouvoir reprendre son chemin, en tant qu’« humble serviteur de Dieu ». Sa requête est rejetée, il est mis au cachot.
Son emprisonnement dure cinq ans. Selon la tradition, il ne dévoile son identité qu’à un prêtre la veille de sa mort, survenue le 16 août d’une année comprise entre 1376 et 1379. Des témoins assurent que le cachot s’est illuminé et que le dernier souhait de Roch, à l’ange venu l’assister, a été d’intercéder pour les gens en souffrance. Il est enterré avec dévotion à Voghera qui, immédiatement après sa mort, lui consacre une fête.
Ses reliques, à l’exception de deux petits os du bras, sont aujourd’hui gardées dans l’église qui lui est dédiée à Venise.
Au XIXe siècle, un tibia a été donné au sanctuaire Saint-Roch de Montpellier, qui possède également son bâton de pèlerin.